"La vie et la mort, la souffrance et la joie, les
ampoules des pieds meurtris, le jasmin derrière
la maison, les persécutions, les atrocités sans nombre,
tout, tout est en moi et forme un ensemble puissant
; je l’accepte comme un totalité indivisible et
je commence à comprendre de mieux en mieux
pour mon propre usage, sans pouvoir encore
l’expliquer à d’autres, la logique de cette totalité ;
je voudrais vivre longtemps pour être un jour
en mesure de l’expliquer…
J’ai réglé mes comptes avec la vie, je veux dire :
l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ;
regarder la mort en face et l’accepter comme
une partie intégrante de la vie,
c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant
à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort
et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen
de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée
méritant à peine le nom de vie.
Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie
on se prive d’une vie complète, en l’y accueillant
on élargit et on enrichit sa vie. (...)
(...) La vie est belle et pleine de sens dans son absurdité, pour peu
que l'on sache y ménager une place pour tout et la porter
tout entière en soi dans son unité ; alors la vie d'une manière ou d'une autre,
forme un ensemble parfait"
Etty HILLESUM. Une vie bouleversée. Journal (1941-1943)
(...)
Aujourd'hui, jour des morts et des vivants.
Un petit passage par les urgences de Saumur en fin d'après midi de ce jour férié (Emma s'étant légèrement blessée mais sans gravité aucune) me permet de saisir "cette grande humanité souffrante dans la détresse du "à vivre", du "mourir" aussi (la chambre funéraire jouxtant tristement les urgences) obligeant nécessairement à "ne plus croire vivre à soi tout seul", et saisir cette vie malgré tout "fragile et tenace".
Aujourd'hui, jour des morts et des vivants.
(...)
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