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Je suis revenu d'un périple de trois/quatre jours. Au départ du chemin de Compostelle puis dans la belle ville de Lyon. Je suis revenu avec bien des pensées et des mots sur des carnets. Des échanges lumineux et multiples aux heures les plus douces du jour avec une si belle personne, le Père Ollu au Puy en Velay et aussi autour d'un chouette déjeuner avec C.L en terrasse à Lyon.
Histoire d'alliance, d'espérance, de souffle. yaouhhhh...
Et hier,
samedi, dans l'aprés-midi...
M'arrêter un instant pour parler à M. qui revient d'un mois de Chimio qui a rendu son corps affaibli mais encore un tel beau sourire à adresser....
Croiser P qui s'empresse de couvrir les grappes à peine formées avant l'orage annoncé mais qui prend lui aussi le temps de me raconter...
Se placer à l'intérieur des êtres et des choses...
Prendre une série de photographies...
Et penser à mes si proches aussi...
loin d'eux aujourd'hui pourtant...
Et malgré tout...
Saisir leurs présences.
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et entendre encore en résonnance :
"Il va tête nue. La mort, le vent, l'injure, il reçoit tout de face, sans jamais ralentir son pas. A croire que ce qui le tourmente n'est rien en regard de ce qu'il espère. A croire que la mort n'est guère plus qu'un vent de sable. A croire que vivre est comme il marche - sans fin.
L'humain est ce qui va ainsi, tête nue, dans la recherche jamais interrompue de ce qui est plus grand que soi. Et le premier venu est plus grand que nous : c'est une des choses que dit cet homme.
C'est l'unique chose qu'il cherche à faire entrer dans nos têtes lourdes.
Le premier venu est plus grand que nous : il faut détacher chaque mot de cette phrase et le mâcher, le remâcher. Voir l'autre dans sa noblesse de solitude, dans la beauté perdue de ses jours. Le regarder dans le mouvement de venir, dans la confiance à cette venue. C'est ce qu'il s'épuise à dire, l'homme qui marche : ne me regardez pas moi. Regardez le premier venu et ça suffira, et ça devrait suffire
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Ce qu'il dit est éclairé par des verbes pauvres : prenez, écoutez, venez, partez, recevez, allez. Aucune de ces paroles à demi voilées, à demi données, dont l'obscurité permet aux maîtres d'asseoir leur maîtrise.
Il ne parle pas pour attirer sur lui une poussière d'amour. Ce qu'il veut, ce n'est pas pour lui qu'il le veut. Ce qu'il veut, c'est que nous nous supportions de vivre ensemble.
Il ne dit pas : aimez-moi. Il dit : aimez-vous. Il y a un abîme entre ces deux paroles. (...) C'est un homme qui va de la louange à la désaffection et de la désaffection à la mort, toujours allant, toujours marchant.
Il ne fait pas de l'indifférence une vertu. Un jour, il crie, un autre jour il pleure. Il traverse tout le registre de l'humain, la grande gamme émotive, si radicalement homme qu'il touche au dieu par les racines.
Il est doux et abrupt. il brise, il brûle et il conforte. La bonté est en lui comme une matière chimiquement pur, un diamant.
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Prenez ce que je vous donne, je vous le donne sans condition et, parce que je vous donne absolument, il y a absolument pour tous - ce qu'on partage se multiplie.
Il dit qu'il est la vérité. C'est la parole la plus humble qui soit. L'orgueil, ce serait de dire : la vérité, je l'ai. Mais la vérité n'est pas une idée mais une présence. rien n'est présent que l'amour. La vérité, il l'est par son souffle, par sa voix, par sa manière amoureuse de contredire les lois de la pesanteur, sans y prendre garde
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Quelque chose avant sa venue le pressent. Quelque chose aprés sa venue se souvient de lui. La beauté sur la terre est ce quelque chose. La beauté du visible est faite de l'invisible.
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Ils sont quelques-uns à entrer dans son travail. Il les forme avec peine aux principes d'une économie nouvelle : on ne fait rien par série, on va de l'unique à l'unique.
On ne vend pas, on donne."
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Ceux qui emboîtent son pas et croient que l'on peut demeurer éternellement à vif dans la clarté d'un mot d'amour, sans jamais perdre souffle, ceux-là, sans la mesure où ils entendent ce qu'ils disent, force est de les considérer comme fous. Ce qu'ils prétendent est irrecevable. Leur parole est démente.
Alors...
Peut-être n'avons-nous jamais eu le choix qu'entre une parole folle et une parole vaine."
Extrait de :
L'homme qui marche.
de Christian Bobin.
Ed. Le temps qu'il fait.
Dieu, que ces photos sont belles....
Rédigé par : Myosotis | 03 juin 2012 à 12:09